Découvrez le patrimoine de ce village a travers une balade balisée en bleu au départ du parking principal (durée 45 minutes)
A découvrir :
La fontaine en marbre griotte
Le morceau de table d’autel
L’église Sainte Marie
Les vestiges du château (vue)
Le four banal
Histoire du maquis de Bir Hakeim
La table d’autel (après la mairie à droite)
On ignore l’origine de cette table d’autel en marbre (VI, VII°siècle ?) réemployée dans la façade de cette maison. Elle peut provenir de l’ancienne église Sainte-Marie-de-Mourèze mais aussi d’autres églises du secteur. Elle n’en constitue pas moins l’un des principaux témoignages de l’art paléochrétien de l’ancien diocèse de Lodève. Sur ce morceau est représenté une couronne de laurier avec à l’intérieur un chrisme, symbole chrétien formé des deux lettres grecques Alpha et Oméga. Ces dernières lettres symbolisent le commencement et la fin de tout, étant la première et la dernière lettre de l’alphabet grec. De part et d’autre du chrisme, il y avait deux groupes de 6 colombes symbolisant les apôtres. Entre chaque colombe, il y a un arbre, sans doute un cyprès (hypothèse), symbole de vie éternelle. La maison date du XIX°, 1821.
Le presbytère (sur la place à gauche en montant vers l’église)
Situé sur la même terrasse que l’église, il date probablement de la première moitié du XVIII°siècle. Simple maison couverte d’un toit en appentis, il se distingue cependant des maisons paysannes du village par la présence d’un jardin mentionné dès le XVII° siècle et par la présence d’une grande baie à meneau central. Il fut restauré il y a quelques années.
L’église Sainte Marie
En 990 sont cités le castrum de Morecino et son église Sancta Maria. Il ne reste aucun vestige apparent de ces édifices. Elle appartenait aux 3 coseigneurs qui l’avaient édifiée (Les Guilhem de Clermont, Béziers et la famille Lauzieres d’Octon)
Dans le cartulaire de Lodève, l’évêque Bernard Gui en 1325 indique : « L’église de la Bienheureuse Marie de Mourèze est paroissiale et curiale…elle a comme annexe l’église rurale de Saint Pierre de Naves et la chapelle de Sainte Scholastique ainsi que l’église Saint Pierre de Scoriano ». En 1631 l’évêque Plantavit de la Pauze lors d’une visite pastorale indique : « L’église de Mourèze est dédiée à Notre Dame, célèbre sa fête le jour de l’assomption… ». Jusqu’à la Révolution, il y avait un prêtre à Mourèze, par la suite il y eut une période sans curé au village jusqu’en 1817.
Au Moyen-Âge au XII°siècle, à l’époque romane, les édifices religieux étaient petits avec très peu d’ouvertures. Ceci devait suffire pour le culte de l’époque et le peu d’ouverture s’expliquait par un sentiment de sécurité à l’intérieur des murs. De plus la population était encore clairsemée et peu nombreuse dans les agglomérations. Il faut noter aussi la multiplicité des édifices religieux qui vont commencer à se rassembler dés le XIII° pour raisons de sécurité mais surtout à cause du développement des villes. Les villes se bâtirent autour d’un château et de son église, protecteurs de la population.
Description :
L’église primitive daterait du XII°siècle. Elle est de style gothique mais fut remaniée à de nombreuses reprises (XIII°, XIV°, et XVII°siècle), ce qui peut faire penser qu’elle fut construite sur les bases d’une ancienne église romane comme la plupart des églises du secteur. Son porche d’entrée en partie obturé par un contrefort intérieur est de style roman ainsi que le clocher. De l’époque romane, elle a gardé des fragments de murs dans sa façade nord ainsi que deux portes : l’une donnait au nord sur le castrum (entrée protégée et entrée actuelle) et l’autre s’ouvrait au sud sur l’extérieur du village. Elle n’existe plus aujourd’hui. Le tympan roman a disparu.
Au XIV°siècle, le chœur et la nef furent remaniés en style gothique. On accède à l’église que par la porte Nord. On ne sait pas pourquoi l’église fut remaniée à cette époque. Fin XVI° au cours des guerres de religion, l’église a du être dévastée et remise en état au XVII°siècle . Les 4 angles du monument sont munis de massifs contreforts dont un qui doit être un vestige d’une construction importante antérieure à l’église (remparts ??)
Architecture :
L’église est orientée à l’est.
Dimensions :
19 m de long dont 11m pour la nef, 8 m pour le chœur.
12,50m de largeur dont 8,50m entre les piliers.
Construction en appareil moyen comparable à l’église des Dominicains de Clermont l’Hérault. Le chevet et ses puissants contreforts à un ou deux ressauts reposent sur le rocher.
Le chœur à sept pans, comprend une abside pentagonale et une partie formant l’avant chœur. Il date du XIV°siècle et a remplacé celui du XII°siècle pour des raisons inconnues. Abside et avant chœur sont couverts d’une même voûte. Il y a une clé de voûte d’où partent huit branches d’ogives prismatiques retombant sur des culots dont trois représentent des têtes d’hommes ou d’animaux. Une lierne relie la clé de voûte du chœur au sommet de l’arc triomphal. Cette clé est historiée : elle représente la main bénissant de Dieu masquant la poignée d’une épée dont on aperçoit les deux branches de la garde (symbole de la protection de Dieu et/ou de la croix du Christ) 5 baies éclairent l’abside : elles sont en partie divisées par un meneau vertical surmonté d’un remplage orné soit d’un quadrilobe soit d’un trilobe. On peut voir une grande niche, peut-être un enfeu. (Un enfeu est une tombe encastrée dans l’épaisseur du mur d’un édifice religieux (église, cimetière). Il était généralement réservé aux nobles. Il peut être superposé. Des gisants peuvent figurer en dessous ou au-dessus. Plusieurs niches peuvent montrer le défunt à différents moments de sa vie. Des saints peuvent aussi y figurer.) Elle possède un chevet polygonal à 7 pans. Jusqu’en 1990, deux fenêtres du chœur étaient murées. Elles ont été rouvertes lors de la restauration du bâtiment.
La porte menant au clocher est en partie fermée par un contrefort et l’on peut voir dans chaque chapelle un vestige d’une ancienne colonne de style roman. Le mur du fond de la nef n’a pas le même appareil que le reste de l’édifice. Ceci montre une construction plus tardive de ce dernier. Au XIV°, le chœur et la nef sont remaniés dans le style gothique et au XVII° la nef est reconstruite.
La nef :
La nef comprend deux travées couvertes de voûtes d’arêtes du XVII°siècle séparées par des piliers rectangulaires, adossés mais élevés devant chacune des deux portes qu’ils obstruent en partie. Entre les piliers furent aménagées des chapelles. Les murs nord et sud datent du XIV°siècle mais certains morceaux ainsi que les deux portes datent du XII°siècle. La voûte et les murs furent crépis dans les années 1970. Ces deux travées ont remplacé l’unique travée du XIV°siècle voûtée d’ogives prismatiques qui retombent sur des culs de lampe fixés à chacun des contreforts étayant l’arc triomphal. Le cul de lampe sud est historié. Il représente Adam et Eve derrière lesquels Satan souffle la tentation. Le cul de lampe nord représente une tête d’ovidé. Il y a encore des traces de l’ancienne nef qui devait être plus haute que la nef actuelle car on en retrouve trace dans les combles. Une autre travée aurait du être construite ou fut détruite.
Le mobilier :
Il y a la cuve des fonts baptismaux et un lustre du XVIII° siècle. L’autel a été construit avec les restes d’un ancien pressoir au début des années 1960.
La cloche a échappé à la fonte à la Révolution grâce aux habitants qui s’y opposèrent.
Extérieur :
Le clocher :
Le clocher roman quadrangulaire est de la fin du XIII° ou début du XIV° siècle. Il constitue une tour de défense et se trouve intégré au système de défense du château. Il fut accolé au mur sud de la nef devant la porte sud sans communication avec l’extérieur. Il condamne cette porte et protège donc l’édifice. Il est construit en blocage avec des angles bien appareillés. Il se compose de 3 niveaux et se situe au sud est de la nef. A l’extérieur un « cordon » délimite les étages. Le rez-de-chaussée est voûté d’ogives du XV°siècle. La voûte a été percée pour laisser passer les câbles de l’horloge. Il sert actuellement de débarras mais a pu servir de chapelle pour les fonts baptismaux. Le premier étage est voûté en plein cintre. Un toit en tuile à 4 pentes voûté d’ogives du XIV°siècle surmonte le deuxième étage. Il est éclairé par six baies en plein cintre : deux à l’est et au sud, une au nord et à l’ouest. Une fenêtre étroite, en forme d’archère s’ouvre au sud au rez-de-chaussée et du premier étage. Le dernier étage abrite deux cloches : celle de l’horloge et un autre. Elle a un diamètre de 0.61, date de 1720 et est décorée comme ceci : croix d’ornements sur 3 gradins, un médaillon qui porte une Vierge à l’enfant assise, 6 anses ornées de têtes, les armes du comte de Clermont Guillaume Castanié d’Auriac comte au XVIII°siècle et parrain de la cloche. Il y a un texte gravé en latin qui demande à la Vierge la protection de l’église. Elle fut classée MH en 1959.
Pour accéder aux différents étages du clocher, il faut utiliser une petite porte intérieure qui s’ouvre dans la nef sur une cage d’escalier cylindrique, logée dans une tourelle carrée, accolée au clocher et éclairée par des archères. C’est un escalier à vis en grès.
Les deux portes :
Dans le mur sud de la nef, sous le clocher et de même que dans le mur nord s’ouvrent dans le même axe deux portes en plein cintre de larges proportions. Elles datent de l’édifice roman et furent conservées lors des rénovations. La porte sud est surmontée d’une archivolte retombant et s’amortissant sur l’imposte. La porte nord se compose d’une archivolte dont les deux boudins s’arrêtent à 1 m du niveau du sol actuel ; ces deux boudins peuvent faire penser à de fines colonnettes qui retombent sur deux culots. A l’origine, la porte nord communiquait avec le village fortifié, celle du sud donnait sur le chemin menant à Salasc. L’entrée actuelle se fait par la porte nord, la porte sud s’ouvre sur le rez-de-chaussée du clocher.
Les églises autour de Mourèze :
Il y avait plusieurs petites églises autour du village : 7
Sainte Marie : voir ci-dessus : église paroissiale
Saint Privat de Naves : église paroissiale.
Elle était dédiée à Saint Privat de Mende aurait été située en contrebas de la route qui relie Clermont à Bédarieux. On ne sait pas exactement ou elle se situait. Elle est mentionnée dans plusieurs actes des XII°et XIII°siècles. En 1325, elle est citée comme église annexe de Mourèze.
Sainte Scholastique : chapelle (annexe St Marie)
Cette chapelle était située dans les bois entre Mourèze et Salasc au sommet du mont Mars ou de Sainte Scholastique (500 mètres). En 1325, elle appartient à l’église de Mourèze. C’était la sœur de Saint Benoît de Murcie. Elle était de style pré-roman. Elle daterait de la fin du X°, début du XI°siècle.
Saint André des Lousses : chapelle (annexe St Marie) : X° et XI°siècle
Sur ce tènement, vécurent durant de nombreuses années, les gaulois qui y laissèrent de nombreuses traces d’habitats.
Saint Pierre d’Escourbio sur le territoire de Cabrières et annexe de Sainte Marie
On la trouve mentionné en 1325 et l’indique comme annexe de Mourèze. C’était au départ une église paroissiale comme St Privat. Elles furent rattachées par la suite à Mourèze à cause d’une population trop faible pour garder une paroisse. Elles gardaient cependant chacune un prêtre. Elles seront détruites lors du passage des Routiers au XV° et ensuite lors des guerres de religion un siècle plus tard ou elles seront définitivement abandonnées et perdues.
Chapelle Sainte Cécile sur le territoire de Clermont prés de la chapelle du Peyrou. Il y a encore une source portant son nom. Elle daterait du XVII°siècle et dut être détruite lors des guerres de religion.
Chapelle Saint Vincent sur le territoire de Valmascle
Le Four banal
A l’époque, le four appartenait au clergé. Au cours des décennies, il fut racheté par plusieurs propriétaires qui continuèrent des cuissons jusqu’au début du XX° siècle. A l’abandon depuis des années, il a été restauré récemment.
Le château et ses seigneurs :
Urbanisme :
Le village s’est construit autour de son château et de son église autour de l’an 1000. Autour de cette dernière, on trouve de courtes ruelles concentriques qui marquent les différentes extensions des remparts.
Les seigneurs de Mourèze:
Malgré la petitesse du territoire, Mourèze était dirigé par 3 seigneurs. Le village avait des richesses naturelles (foret, rivière) qui à l’époque étaient porteuses de revenues non négligeable pour des hommes de pouvoir. Mourèze était à la limite de deux diocèses : Lodève et Béziers et dépendait de 3 seigneuries : les Guilhem de Clermont, les Lauzières d’Octon et les Guilhem de Béziers. Ces 3 familles avaient revendiquées chacune une part de Mourèze et chacune voulait garder jalousement sa part, du fait de la situation privilégié du village. Les Guilhem de Clermont étaient la famille dominante. C’était eux qui rendaient hommage chaque année à l’évêque de Lodève pour leur fief de Mourèze. En 1356, Isabelle de Mourèze de la famille des Guilhem de Clermont et des De Lauzières fut la première abbesse du monastère de Gorjan à Clermont. Le personnage le plus célèbre de cette famille fut le maréchal de Lauzières de Thémines, gouverneur de Bretagne qui conduisit sous la vigilance de Richelieu le siège de la Rochelle en 1628. Il faut noter qu’il y eut des alliances entre ces 3 familles avec des mariages, des dons et échanges de terres…Tout ceci rend l’histoire des seigneurs très difficile à établir. Eux-mêmes ne devaient pas savoir qui était propriétaire ou pas de Mourèze ! Chez les Guilhem de Clermont, le fils cadet de chaque seigneur prenait le nom de Mourèze.
Les armes : un lis de gueules sur champ d’or.
La devise : POST FUNERA VIVET ( Que son nom survive aux ruines)
Après la Révolution, tous les biens seigneuriaux et du clergé furent vendus et ce fut la fin de la seigneurie de Mourèze.
Le château (interdit d’accès)
En 967, Guillaume de Béziers restitue par donation le tiers du château. En 990, on évoque le nom de Castro Morecino. En 1096, Ermengarde, épouse de Raymond Bernard Trencavel, vicomte d’Albi et de Nîmes percevait les droits fiscaux du château de Mourèze. La vicomté de Mourèze appartint pour un temps aux seigneurs de Clermont, Bérenger II en 1162 était le comte de Mourèze. Lors de la construction du château vers l’an mil, les habitants se sont regroupés autour par sécurité. Le village se situait sur une antique voie romaine et n’y avait-il pas là une tour de guet qui après l’époque romaine se serait transformé progressivement en château ? De cette tour on pouvait surveiller le pic de Vissou, le Mont Liausson, les rives de la Dourbie.
Le château aurait été agrandi et fortifié de hauts remparts au milieu du XIV°siècle suite à l’invasion de Cabrières par les anglais qui déclenchèrent de nombreux troubles dans le Languedoc. En cas de siège, le château pouvait s’auto suffire grâce à de nombreuses citernes et greniers. Les habitants bénéficiaient de cette protection lors des différentes guerres. Ce château avait la réputation d’être imprenable. Lors des guerres de Religion, le duc de Montmorency avait assiégé la ville de Clermont et pris son château en 1584 mais il ne parvint pas à prendre le château de Mourèze en 1587.
Après les guerres de Religion, l’édifice perdit de son intérêt et il commença à être abandonné progressivement par ses seigneurs qui préféraient les fastes de la cour royale au logis froid et insalubre de leur château. Les seigneurs délaissèrent leur château pour une demeure plus simple dans le village.
copyright www.cirquedemoureze.fr
sources : Mourèze ou les pierres qui parlent de Gaston Combarnous
Bulletin du G.R.E.C, tout numéros, article de Paul Taurand sur l’église